20 novembre 2013

Artifices de la mode : la fraise



Vous n'avez plus que quelques jours pour voir l'exposition La Mécanique des dessous - Une histoire indiscrète de la silhouette qui se termine ce dimanche aux Arts décoratifs à Paris. C'est une occasion exceptionnelle de découvrir, en deux cents silhouettes, tous les artifices utilisés depuis des siècles par les hommes et les femmes, dessous ou dessus, pour contraindre leur corps, redessiner leur silhouette, et se soumettre aux exigences de la mode.

Moins impressionnante que paniers, tournures et corsets, une vitrine aborde la curieuse mode de la fraise apparue en Europe dans les années 1550, portée jusque dans les années 1630-1635 en France, vers 1685 en Espagne, les Espagnols sont les derniers à l'arborer, elle est alors très volumineuse.

▲Fraise en batiste, vers 1615-1635, Rijksmuseum, Amsterdam

Les fraises à simple, double ou triple rang, bordées de hautes dentelles empesées et godronnées comme le corps de la fraise elle-même, demandent d'énormes métrages de tissu. En plus d'être encombrantes, elles sont lourdes à porter, malgré leur finesse. Aussi va-t-on imaginer toutes sortes d'artifices et de techniques pour les soutenir, alléger les épaules et le cou. Parfois, on utilise un soutien-col ou carcan [en anglais : supportasse, mot d'origine française] placé sur la nuque, attaché à la robe ou au pourpoint, qui dresse la fraise et la maintient pour encadrer le visage, souligner sa blancheur et son éclat. Ou aussi un châssis ou une armature de fil métallique [rebato] recouvert de soie pour la soulever très haut sur la nuque. Ce style de collerette, appelée aussi collet monté – d'où l'expression idiomatique utilisée encore aujourd'hui – apparaît à la fin du XVIe siècle.

[Pour en savoir plus, lire l'histoire de la fraise, détaillée en six épisodes sur Les Petites Mains.]

Pour ceux qui douteraient que la fraise doive vraiment son nom à la fraise de veau, en voici une photographie par le Musée des manufactures de dentelles de Retournac. (La fraise est un abat qui correspond à la membrane entourant l’intestin grêle du veau, de l'agneau ou du chevreau.)



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